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23/06/2007

Chapître 1 - Qui a découpé le Président en 10 morceaux? (2ème partie)

Lundi matin, donc... Comité de Direction. Le Ronchon n'est pas clair. On est sensé être au top le lundi. Plein de jus et de niaque. Le lundi n'est pas un bon jour. C'est le jour du concours de quéquettes, le jour de la justification, le jour où la réunionnite tue l'envie de retrousser ses manches. le Ronchon n'est donc pas clair. Trop fêté la fin du weekend. Pas bien dormi. Il se traîne jusqu'à la salle de réunion. Il est le dernier à s'installer autour de la table ovale, en bois clair. Les blackberrys, les smartphones, les téléphones, les crayons, les cahiers, les gommes sont posées devant chacun. On se regarde en esquissant un vague sourire encore un peu embrumé. C'est lundi. C'est Co-Dir. Le jour où on met ses tripes sur la table Où on expose devant ses petits camarades, l'état des lieux. Le jours des sucettes et des images, le jour des claques dans la gueule, de l'humiliation. Parce qu'on ne rigole pas dans les Co-Dir... Enfin, quand les chiffres ne sont pas au rendez-vous du succès. Quand les courbes sont en berne, comme une érection de nonagénaire, quand le marché n'est pas là, quand c'est la crise. Et des crises on en connait, régulières, cycliques, sauf qu'on ne sait plus évaluer la durée des cycles. On a cru qu'on se prenait une grosse dégringolade tous les cinq ans. Et on s'étripe désormais pour savoir qui de la structure ou de la conjoncture a eu le dernier mot. On est dans la mouise. Les chiffres ne sont pas bons. La filière va mal. Le moral est dans les chaussettes de coton noir, bien emballé, bien au chaud mais pas très haut. On parle sotto-voce. On ne la ramène pas.

Big boss se pointe. Elle n'est pas particulièrement en avance cette semaine. Tête des mauvais jours sur tailleur genre Chanel. Rolex au poignet. Collier de perles. La classe naturelle. La clique des Directeurs se raidit, dit bonjour en choeur. On appelle Big Boss par son prénom. On se dit "tu", parce qu'on bosse dans la comm. Parce que c'est sympa. Identitaire. Parce que ça ne veut rien dire de particulier. 

Le Ronchon s'est couché tard. N'a pas bien dormi. C'est un winner de chez winner. Costar bleu marine à fine rayures. Chaussures noires lustrées. Pas de cravate. L'accessoire de reconnaissance du cadre a été abandonné depuis longtemps... Depuis la bulle internet. Depuis l'époque des start-ups. Depuis le jour où on a cru que le vieux monde s'en était allé avec la vieille économie. Il a vaguement préparé sa réunion. Quelques notes, quelques chiffres. Juste de quoi donner le change. Il peaufine sa dialectique, mentalement, alors que les premiers mots doux valsent ça et là. Ca va etre chaud. Les chiffres, les chiffres. Les revenus publicitaires baissent, les magazines de la maison sont affectés. Même Intere(s)t, la star, la vache à lait.

Et la nouvelle tombe. Le Président de la branche France a été retrouvé mort. Big Boss a l'oeil humide. On est scotchés sur nos sièges. On ne fait pas répéter, même si on n'est pas sûrs d'avoir bien capté. Mort? Mort! Dead! Gestorben. Refroidi.

On oublie les chiffres. On a la bouche bée. Les douze apôtres autour de la table ovale en bois clair. Moitié mâles, moitié femelles. 100% tétanisés. Parce que la mort n'est pas naturelle. Que la nouvelle va être rendue publique. Non seulement mort, mais découpé en morceaux.

A suivre

10:45 Publié dans Roman | Lien permanent | Commentaires (4)

16/06/2007

Chapître 1 - Qui a découpé le Président en 10 morceaux?

Ca la fout mal. Le singe dort. On est lundi matin. Normalement, pour le Ronchon, la vie commence à 9 heures et 30 minutes pétantes. Le comité de Direction. La revue du weekend. Le point sur les affaires en cours. Les encouragements pour les affaires à venir. La semaine commence. Sur les chapeaux de roues. C'est ça l'univers joyeux de la comm'! C'est ça l'île aux enfants. Le pays joyeux des cons heureux. Le taf' est simple. Vendre l'espace disponible du magazine. Le plus cher possible. Se battre avec les journalistes. Intégrité contre intégrité. Vision de sa propre intégrité contre celle de l'autre. L'ennemi, le plumitif. C'est l'économie, baby! Parlons-en du magazine.
Bourses Mag, ça avait failli s'appeler... C'est pas de la couille, avaient ironisé les mauvais esprits, dont le Ronchon himself, jamais avare d'un bon mot. Les experts du marketing avaient finalement arrêté leur choix sur "un putain de concept que je te dis pas que ça va cartonner"... Enfin, pas formulé précisément de façon aussi triviale. Un bon coup de marketeurs fous, maîtres de la périphrase et de la reformulation positive qui tue. La cible: les céhessepéplusse, avec des hauts revenus. On ne cible pas les pauvres. Les pauvres font chier. Ils n'achètent pas, sinon à crédit. Et quand ils achètent, qu'est-ce qu'ils achètent, hein? Je te le donne Emile! Une télé. Un écran plasma 120 cm de diagonale. Crédit sur 48 mois. Va essayer de leur faire acheter des béhèmes après... Macache! "Riches magazine" avait été évoqué. Mais trop risqué, trop casse-gueule pour le marché français! C'est qu'au pays du béret basque et du tricot rayé, l'argent dort sous le matelas de tatie. Les cerveaux avaient revu leur copie. Pas de provocation. "Kapital"... déjà pris. "Pognon mag", vulgaire. "Flambe hebdo", avait tenu la corde pendant un temps. Puis tout le monde s'était dégonflé. Trop provocateur. Un coup à aggraver la fracture sociale et à donner de mauvaises idées aux organisations extrémistes de gauche. Le temps des prises d'otages, des assassinats des suppôts du grand capital était un peu trop connoté fin des seventies. Pas de provoc', ne réveillons pas l'Andreas Baader qui dort au fond de chacun. Privilégions la paix sociale... Et les capitaux seront bien gardés. Croîtront et multiplieront. Alleluia!!!
A force de réunions de consommateurs potentiels, de lecteurs, de quidams panelisés, ils finirent par définir le concept. Un magazine "laïfestaïle" qui rassurerait le riche... La même fonction que la main gauche de ceux qui passent la journée à vérifier que leur pénis est toujours à sa place... Ca donnerait dans l'actualité politico-économico-machin. Ca serait plutôt mensuel. Et ça s'appellerait... "Intere(s)t"... La chose était le n-ième magazine lancé par Editor(s) SA, filiale de Editor(s) Inc. Europe, elle-même filiale de Editor(s) Inc. Worldwide, branche presse de la compagnie globale de communication et médias dirigée par Alasdair McMurphy. Le célèbre tycoon. Connu pour son âpreté au gain, sa mentalité de raider sans pitié et son goût pour les asiatique longilignes à gros seins...
 
A suivre... 

10:40 Publié dans Roman | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : ronchon, singe, quadru-man, roman

14/06/2007

Roman? Intro.

- Yo Monkey!

- Yo Man!

Samedi matin. Ronchon, vautré sur le canapé. En calbut'. Pas vraiment sexy, le teeshirt froissé, pas rasé, le cheveu en bataille. Samedi matin, le calbut' entrebaillé, pas vraiment apétissant. Les enfants vaquent, entre céréales et dessins animés. Ambiance calme. Temps gris dehors. Pas de pluie. Un de ces temps informes. On est sensé être au printemps. Le printemps, parlons-en. Loose totale. Le Ronchon a l'oeil rivé à ses écrans, téléphone, blackberry, ordinateur portable. Le Ronchon blogue. On est samedi matin. les enfants ne vont pas à l'école. Une chance. Un samedi sur quatre. Les kids sont très calmes. Les céréales craquent sous la dent. Ils ne se plaignent même pas de la qualité du room-service. Ronchon est tellement absorbé qu'il reste de toute façon imperméable à toute sollicitation. La semaine a été rude. Merdique, disons-le franchement. Une semaine ordinaire, dans une boîte ordinaire. Nous y reviendrons. Le Ronchon, pour ceux qui prennent l'histoire en cours. La quarantaine. Jusqu'à il y a peu, pas sportive du tout ladite quarantaine. Et puis soudain, un déclic. Paf! une illumination subite. Le coup du pilier de Paul Claudel. Sauf que là, en l'occurence, ce n'était pas Dieu, dans le recoin sombre mais la muse du sport. Probablement blonde à forte poitrine. Le genre de créature qui n'évolue et ne s'épanouit que dans l'atmopshère moite des salles de sport où se mêlent testostérone, progestérone, et jus de crâne microdosé... Exposition des faits, disé-je. A ma droite Ronchon. 100 kilos de bidoche. Moins de gras. Partageant avec le boeuf de Kobé le goût de la bière et du saké... A ma gauche, le singe. Jiminy Cricket. Conscience noire. Quelques grammes de fourrure synthétique. Animal doué de raison. Doudou et thaumaturge. Souffre-douleur et psy. Coach. Nourri à la banane et à la bière.

Ansi débute à nouveau notre chronique sarcastique. Un samedi matin. Ronchon se gratte élégament l'entre-jambe. Baille. Se passe la main dans les cheveux. Etouffe à peine un "bordel de merde!" délicieux alors que la connection internet wifi  adsl à super haut débit atomique vient de tomber en rade. Vide intersidéral. Sa délicieuse moitié dort encore, ou du moins dormait jusqu'au "bordel de merde!" annonciateur d'une rude journée...

A suivre... 

17:20 Publié dans Roman | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : roman, ronchon, singe, quadru-man